L’audit énergétique est un diagnostic qui vise à mettre en évidence les points forts et faibles d'un bâtiment en termes de performances énergétiques. À l’issue d’un état des lieux détaillé, des solutions d’améliorations chiffrées sur le plan énergétique, économique et environnemental sont proposées.
Vous êtes-vous déjà demandé de savoir quel était le prix d'un bon audit énergétique ? La réponse est : qu'importe le prix, qu'il soit alléchant ou prohibitif, le plus important est de consulter le cahier des charges relatif à l'audit correspondant à la proposition commerciale que vous êtes sur le point de signer, afin que l'audit soit un véritable outil d'aide à la décision pour vos futures actions d'amélioration énergétique.
Vous êtes-vous déjà demandé de savoir quel était le prix d'un bon audit énergétique ? La réponse est : qu'importe le prix, qu'il soit alléchant ou prohibitif, le plus important est de consulter le cahier des charges relatif à l'audit correspondant à la proposition commerciale que vous êtes sur le point de signer, afin que l'audit soit un véritable outil d'aide à la décision pour vos futures actions d'amélioration énergétique.
Pour vous aider dans cette approche, je vous propose donc une méthodologie succincte et détaillée récapitulant la réalisation d'un audit énergétique de qualité.
Première étape : réalisation d'un état des lieux
L’audit est un outil de collecte d’informations générales et techniques. L'état des lieux est capital pour la suite de l’audit. On distingue trois niveaux de sources d’informations :
1. Documents à récolter et
à analyser : La recherche bibliographique préalable permet de caractériser
le site avant la visite. On réalise le recueil des informations disponibles
auprès du Maître d’Ouvrage et /ou du gestionnaire de site (factures, plans,
schémas des réseaux, abonnements et contrats d’exploitation, livret de
chaufferie).
2. Résultats de l’enquête
de confort thermique auprès des occupants : Il faut prêter attention aux
différentes remarques sur les habitudes de vie des résidents (ouverture des
fenêtres, puisage d’eau chaude et d’eau froide, régulation des émetteurs…) et
sur leur ressenti (sensation de froid, déséquilibre en répartition de l’eau
chaude sanitaire d’un appartement à un autre, etc.).
3. Analyse approfondie du
site : Visite détaillée du site : Bâti avec Caméra Infra-Rouge
(appartements témoins, toiture, sous-sol), équipements (Chauffage, Eau Chaude
Sanitaire, Ventilation, Éclairage), usages. Les données terrain du site doivent être relevées sur site par un chargé de projet accompagné d’un représentant du
syndic et du président du conseil syndical ou de l’un de ses membres.
+ La vision d'expert : un état des lieux complet indispensable
La dernière étape constitue la plus grande partie du travail de l'auditeur :
- Appréciation de l’environnement extérieur et des éléments ayant des incidences
sur les consommations énergétiques (localisation, orientation du bâtiment,
masques solaires, mitoyenneté, éléments architecturaux).
- Inspection détaillée
du bâti avec un état des lieux des sous-sols, de la toiture, des parois
extérieures, des menuiseries. Le recours à la caméra thermique a généralement
lieu pour la mise en évidence des ponts thermiques.
- Bilan des systèmes
comprenant le chauffage, le refroidissement, l’eau chaude sanitaire, la
ventilation, l’éclairage, et autres usages électriques.
En somme, cette étape permet de définir l’état général et la conformité
réglementaire de la construction, de ses installations et équipements
techniques. Cela permet de situer également les consommations globales avec le
parc existant. Enfin, cela permet d’aboutir à une fiche d’identité détaillée
du bâtiment, des équipements et de son utilisation en vue d’obtenir une
répartition détaillée des consommations.
Cette analyse est directement
dépendante de la qualité et de l’exactitude des informations recueillies.
Seconde étape : élaboration d'un bilan énergétique et mise en évidence des consommations énergétiques
Les factures énergétiques seules ne permettent pas de déduire une
répartition complète et précise des consommations. Les données collectées sur
le bâtiment vont permettre de réaliser une modélisation du bâtiment afin
d’obtenir des consommations théoriques à recaler avec les factures. L’objectif
de cette étape est de valoriser les données collectées lors de la visite pour
en déduire un certain nombre d’indicateurs et en tirer des conclusions.
Le bilan énergétique doit être réalisé via un logiciel de calcul. Les
bâtiments sont modélisés dans leur intégralité et des scénarios d’utilisation
sont définis afin d’approcher au plus près les conditions réelles en termes
d’occupation, de consignes de températures, de débits de ventilation et de
puissances dissipées.
+ La vision d'expert : Pour les personnes les plus sensibilisées, voici le détail technique que doit renseigner l'auditeur :
Voici les étapes clefs lors du calcul numérique :
1. Saisie des données : La première étape
consiste en la saisie du bâtiment dans le logiciel. La saisie du bâtiment est
elle-même décomposée en plusieurs étapes : Saisie des compositions de
parois. Les différentes compositions de parois d’un projet sont créées et
sauvegarder dans la bibliothèque du logiciel, Saisie des vitrages, Saisie des
ponts thermiques, Saisie des scénarii de fonctionnement du bâtiment
(occupation, ventilation, chauffage, rafraîchissement, puissance dissipée…),
Choix du site et des données météorologiques, Saisie géométrique du bâtiment et
affectation des compositions de parois, vitrages, ponts thermiques.
2. Définition des zones
thermiques : À partir de la saisie du bâtiment, le logiciel simule le comportement
thermique du bâtiment en fonction d’un découpage en zones thermiques choisi par
l’ingénieur qui réalise l’étude. Les scenarii sont affectés par zone thermique
(scenarii d’occupation, de ventilation, de chauffage, de rafraîchissement, de
puissance dissipée…). Ces scenarii permettent de différencier le fonctionnement
de chaque zone thermique. Par exemple, les scenarii de ventilation des parties
communes sont différents de ceux des parties privatives.
3. Simulation du cas de
base et des variantes : Une fois les éléments des étapes
précédentes vérifiés, la simulation peut être lancée. La première simulation
effectuée, appelée "cas de base", correspond toujours au bâtiment dans son état
initial. C’est la simulation de référence pour le projet. Un recalage avec les
consommations réelles a toujours lieu.
4. Résultats et analyse : Les outils
permettant ce type d’approche évaluent les besoins de chauffage et
climatisation ainsi que la problématique du confort thermique pour un bâtiment
pendant une année météorologique type. La simulation thermique dynamique permet
de calculer l’évolution de la température dans les bâtiments heure par heure
sur toute l’année. L’analyse de la situation initiale permettra de mettre en
évidence les postes de déperditions les plus importants et ainsi de proposer
des pistes d’amélioration pertinentes énergétiquement et techniquement.
Cette partie « Bilan énergétique » de l’audit est importante puisque ce
sont ses conclusions qui vont guider la rénovation en proposant des
préconisations.
Troisième étape : préconisations
Cette partie comprend deux enjeux : pouvoir estimer les gains
énergétiques, et donner le coût d’investissement pour chacune des
préconisations.
1. Gains énergétiques :
L'audit énergétique comprend des propositions d'actions d'amélioration de la
performance énergétique portant sur les éléments constitutifs de l'enveloppe du
bâtiment (parois opaques et vitrées), l'installation collective de chauffage et
de refroidissement, les équipements de production d'eau chaude sanitaire, les
équipements de ventilation, les équipements d'éclairage, les équipements de
production d'électricité à demeure.
2. Choix des indicateurs
économiques : Outre l’aspect énergétique, l’aspect économique est l’un des
critères les plus importants dans la prise de décision. Voici les principaux
indicateurs utilisés :
- Le coût d’investissement :
Le chiffrage des préconisations doit reposer sur des devis analogues ou
sur des ratios diffusés par l’ADEME ou l’ANAH.
- Le Coût de l’investissement
avant aides : il s’agit d’un critère important du fait que les aides
sont perçues après un laps de temps plus au moins important après la fin
des travaux alors que le maître d’ouvrage devra payer l’entreprise
d’exécution au fur et à mesure de l’avancement des travaux. Cela peut donc
poser des difficultés de trésorerie.
- Le Coût d’investissement après
aides : il s’agit du montant financier après déduction des aides des
travaux que devra supporter au final la maîtrise d’ouvrage. Il existe
plusieurs types d’aides avec des mécanismes de financement propres à
chacune (offres commerciales CEE, crédits d’impôts, subventions ADEME).
- Le rapport Euros investis / kWh
économisé : il est plus judicieux qu’un temps de retour sur
investissement (TRI). En effet, le temps de retour sur investissement
tient compte du prix de l’énergie sur les années à venir or, celui-ci ne
peut être connu avec certitude. Il s’agit donc d’un indicateur important
pour comparer deux solutions entre elles.
- Le TRI actualisé : Temps
de retour sur investissement doit prendre en compte une augmentation
probable du coût de l’énergie de 4 % par an.
Ces indicateurs financiers permettent d'établir une stratégie de rénovation dans le bâtiment en
comparant différentes solutions techniques d’amélioration.
Quatrième étape : mise en place d'un plan de travaux
Des scénarii de réhabilitation sont élaborés sur la base de programmes
d’améliorations cohérents et adaptés aux caractéristiques du bâtiment, pour
permettre au maître d’ouvrage d’orienter son intervention dans les meilleures
conditions de coût et de délais. Ces programmes sont présentés sous forme de «
bouquets » de réalisations, correspondant à un niveau de performance
énergétique global après travaux. En effet, l'audit énergétique propose, dans
la mesure du possible, des scenarii permettant de diminuer les consommations,
respectivement d'au moins 20 % et d'au moins 38 %. Ces scenarii sont hiérarchisés
selon les critères suivants :
- la cohérence globale des
travaux tenant compte des qualités architecturales et constructives du
bâtiment,
- l'économie d'énergie,
- le coût d'investissement et son
temps de retour,
- le caractère urgent des
travaux, lié notamment à la vétusté ou à la dégradation des équipements et
des ouvrages.
Dans cette phase, on cherchera à mettre en évidence les points suivants
pour chaque scénario :
- la consommation annuelle
d'énergie primaire du bâtiment après travaux rapportée à sa surface, exprimée
en kWhEP/m²/an, pour chaque usage suivant de l'énergie : le
chauffage, le refroidissement, la production d'eau chaude sanitaire, la
ventilation et l'éclairage,
- la consommation annuelle totale
d'énergie primaire du bâtiment après travaux pour l'ensemble des usages de
l'énergie précités exprimée en kWhEP/an,
- l'estimation des économies
d'énergie en énergie primaire puis en euros générées par la réalisation de
ce scénario par rapport à la situation initiale,
- l'estimation du coût total du
scénario en détaillant ce coût par action,
- les aides financières
mobilisables pour ce scénario.
+ La vision d'expert : donner des conseils justes :
La phase de proposition de programmes d’amélioration nécessite d’avoir
une vision globale du bâtiment. Voici le raisonnement à avoir dans une
rénovation énergétique à travers un exemple :
1. Identifier le problème
principal : dans notre cas, il s'agit d'une consommation d’énergie
importante. L’objectif est donc de proposer des solutions de maîtrise de
l’énergie.
2. Proposer et combiner une
ou plusieurs solutions techniques : on propose par exemple de réduire
les déperditions surfaciques en remplaçant les menuiseries.
3. Dépasser l’objectif
premier, et analyser les conséquences : cette proposition nécessite de
prendre du recul par rapport au problème posé pour l’étudier sous ses
différentes dimensions. On étudie alors ses conséquences : 1) conséquence
positive : réduction les consommations énergétiques et 2) conséquence négative, si non maîtrisée : la perméabilité à l’air augmente, cela nécessite alors
une gestion de renouvellement d’air adéquate, sinon des problèmes sanitaires
apparaîtront, par exemple, on notera le développement de moisissure.
4. Trouver un compromis et
aboutir sur une solution finale : on peut donc envisager le
remplacement des menuiseries seulement si le système de ventilation est
initialement performant ou qu’une réfection sera prévue. La solution finale ne
pourra se détacher qu’après avoir analysé l’ensemble de ces points et leur impact
sur la qualité, le coût et le délai du projet.
L'audit énergétique est une démarche complète respectant une méthodologie précise afin d'apporter des solutions sur mesure à votre bâtiment. Désormais, vous disposez des clefs pour choisir au mieux votre prestataire, sans vous tromper.